Les acteurs de l'eau

Publié le par thierry helsens

Les acteurs de l'eau

Le domaine de l’Approvisionnement en eau potable est un vaste théâtre ou chacun cherche encore à tenir le rôle principal. L’évolution des institutions et surtout la reconnaissance des communes en tant que responsables du développement local a renversé les responsabilités et recentré les administrations de l’Etat sur des tâches régaliennes. Sans doute pas vrai dans tous les pays d’Afrique de l’Ouest ou le niveau d’aboutissement de la décentralisation est sans doute différent, mais c’est sans aucun doute une des voies retenues les plus prometteuses dans le secteur.

L’état a été le premier acteur, responsable et Maître d’Ouvrage du Service Public de l’Eau potable. Les communes n’existent que depuis une quinzaine d’années en Afrique de l’Ouest (en moyenne). L’Etat, centralisé et bientôt ses démembrements à travers le pays, occupait la fonction de Maître d’ouvrage et parfois même d’entrepreneurs en réalisant lui-même les travaux à travers des offices nationaux. Très rapidement le secteur privé a pris le relais, l’état se contenant de définir les besoins (planification), de mobiliser les financements et de lancer les AO de travaux (pas toujours, chaque partenaire financier ayant ses exigences).

C’est l’époque des grands programmes (ou projets) d’hydraulique rurale financés par un peu tout le monde et parfois avec une joyeuse pagaille. Il m’est arrivé de me retrouver à implanter un forage pour un programme financé par la Banque Islamique de Développement dans le même temps qu’un hydrogéologue étudiait ses photos aériennes dans le même village pour le compte du conseil de l’Entente….. et parfois, les équipes de foreurs se trompaient de site d’implantation, heureusement que le monde des hydrogéologues est petit !

Le forage équipé d’une pompe à motricité humaine est rapidement devenu un point d’eau « traditionnel » dans le sens ou des milliers de ces ouvrages ont été réalisés et symbolisaient l’arrivée de l’eau potable dans les localités. Le Plateau Mossi en est un bon exemple, de même que la Région de Kayes au Mali ou de Tillabéri au Niger.

Aujourd’hui, l’Etat donc tend à déléguer ses ambitions de Maître d’Ouvrage, d’abord à ses services déconcentrés, puis aux communes, avec beaucoup de difficultés. Pourquoi ?

Les mauvaises langues diront que la responsabilité d’attribution de marchés de plusieurs milliards de FCFA c’est aussi des occasions de s’enrichir de manière pas très louable. C’est vrai. Les petites commissions existent, à tous les niveaux et voir ce potentiel financier échapper aux services de l’Etat pour aller vers les communes a parfois été un frein. Dans certains pays des cadres de l’Etat m’ont même dit ouvertement « et nous, on gagne quoi maintenant ? ». Passons sur cette (trop) mauvaise raison.

Et puis la compétence des communes n’est pas toujours reconnue, parfois à juste titre. Il est difficile pour une commune jeune et sans trop de moyens financiers d’avoir à son service les techniciens et ingénieurs à la hauteur de ses ambitions. Mais pour prendre l’exemple du Bénin, au hasard, j’ai parfois rencontrés des agents communaux plus compétents que les services de l’eau. Et puis il n’a jamais été question de donner toutes les capacités techniques à une commune, les bureaux d’études sont là. Il faut surtout que la commune sache quoi leur demander, savoir rédiger des termes de références, ce qui peut se faire avec les services de l’état, présents pour accompagner les communes.

Premier acteur donc, l’Etat, qui voit ses responsabilités, ses prérogatives évoluer fortement ses dernières années.

Mais l’Etat et les programmes n’existeraient pas sans le « bailleur de fonds », ou le Partenaire Technique et Financier, le fameux PTF. Les investissements sont encore trop souvent réalisés sur des budgets venant de l’aide extérieure et la part nationale du budget du secteur de l’eau est encore trop souvent inférieure à 10%. Le budget national prend généralement en compte son propre fonctionnement. Le PTF est donc un acteur important que l’on doit convaincre et courtiser. Tellement important qu’il a tendance à vouloir en faire trop. Il est d’accord pour remettre des fonds à l’état (don, prêts ..) mais dans son immense générosité il veut en faire un peu plus. Gérer les fonds, passer les marchés, contrôler les travaux….. bref faire tout ce que l’état devrait faire avec ses procédures, ses stratégies et politiques nationales. A tel point que l’Etat se retrouvent quasiment sous tutelle de ses partenaires et au fond parfois ça leur convient. Pas de responsabilités ou peu, les travaux avancent, les OMD seront atteints et c’est l’Etat en tirera les bénéfices sur la scène internationale devant un panel d’experts de l’OMS ou du PNUD.

La suite …. Dans une autre note

Publié dans Eau potable

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