Les acteurs de l'eau (2)

Publié le par thierry helsens

Les acteurs de l'eau (2)

J’ai parlé de l’Etat et des Partenaires Techniques et Financiers. Mais pour réaliser ces travaux, mettre en place les investissements, préparer les études, il faut un secteur privé, des entreprises qui vont traduire dans la réalité ce qui a été pour le moment inscrit dans des cadres logiques, des politiques sectorielles, des axes de développement.

Les bureaux d’études sont les premiers intervenants. Ce sont eux qui vont réaliser les premières études permettant de chiffrer le montant des investissements, de décider de la planification, préparer les Dossiers d’Appel d’Offres. Et là commencent les premières discussions sur la notion de bureau d’étude national ou international, d’expertise nationale ou internationale. Ces notions vont définir une compétence et un degré de confiance du commanditaire, mais aussi un niveau de rémunération. Dans l’esprit de beaucoup de personnes il y a trop souvent un lien fort entre expertise nationale ou internationale et la compétence reconnue. Un ingénieur béninois aura encore beaucoup de mal à se faire reconnaître comme expert international dans son pays natal !

Mais à ce niveau les PTFs ont une certaine responsabilité. Je suis parti sur l’exemple des études faisabilité, du contrôle des travaux. Aujourd’hui il est justifié de faire appel à une expertise « extérieure » quand nous devons faire appel à des techniques particulières, nouvelles. Mais quand il s’agit de travailler sur des stratégies ou politiques nationales absolument rien ne justifie de faire intervenir une expertise extérieure, internationale, sauf si elle est expressément demandée, justifiée pour ce que je pourrais appeler une assurance qualité ou le besoin de développer certaines notions nouvelles. Pourtant, des Partenaires Financiers continuent aujourd’hui de faire pression sur des secteurs afin de recruter eux-mêmes des expertises internationales qui rédigeront les futures stratégies du secteur.

Dans le cas des nouvelles technologies je constate qu’aujourd’hui, en matière de NTIC, de développement d’applications pour les systèmes android ou des SIG, les compétences sont largement représentées en Afrique de l’Ouest, et je dirai que le seul problème que l’on rencontre aujourd’hui est la relation en l’hydrogéologue qui doit exprimer son besoin, savoir ce qu’il attend de cette technologie et le développeur qui doit le comprendre et le traduire dans son langage.

En Afrique de l’Ouest, il y a longtemps que les bureaux d’études locaux ont toutes les compétences pour des études d’avant-projet détaillé, faisabilité, bref, ce qui doit être fait avant de mobiliser les fonds, faire intervenir les entreprises de travaux.

La question à poser maintenant est « thierry, qu’est-ce que tu fous en Afrique de l’Ouest ? ». Généralement on travaille pour deux raisons, l’argent ou le plaisir. A cette affirmation on peut répondre que l’on travaille pour ce qui nous manque… et moi c’est aussi d’argent dont j'ai besoin. Faut pas avoir honte de le dire, même si mon métier me plait j’ai besoin d’un minimum de fonds pour vivre. Mais c’est sûr que je préférerais y aller par plaisir sans avoir besoin de salaire. J’ai aussi la faiblesse de croire que si on me demande de venir c’est que l’on a besoin de moi. Mais c’est un schéma dangereux, les experts ou assistants techniques internationaux sont souvent imposés par le partenaire financier avec des recrutements pas toujours transparents.

Revenons sur le secteur privé. En quelques années les entreprises internationales de travaux n’ont plus beaucoup trouvé de raisons d’intervenir en Afrique de l’Ouest dans le domaine de l’eau rurale. La première raison est la compétence technique acquise par des entrepreneurs locaux avec des prix de réalisations bien inférieurs, mais aussi le fait que le développement de la décentralisation entraine des Appels d’Offres pour des quantités qui ne motivent plus beaucoup les entreprises internationales. Jusqu’en 2005 à peu près, avec des AO pour 100 ou 200 forages, les coûts d’un chef de mission expatriés et de matériel aux normes internationales étaient justifiés. Aujourd’hui, pour 5 forages dans une commune, voire 10 ….. quel intérêt pour une entreprise internationale ?

Il reste alors la fourniture des équipements. Tout ce qui ne peut être fabriqué sur place doit être importé, c’est aussi un schéma classique et mondial. Et là nous avons un immense problème lié à la maintenance des équipements installés, depuis la pompe jusqu’au groupe électrogène. Fournir du matériel n’est pas toujours synonyme de l’implantation d’un système après-vente dzns le pays.

Mais un des secteurs ou le privé se démarque le plus avec autant d’espoir que d’appréhension est la gestion des adductions d’eau potable en zone rurale. Quasi absent au début des années 2000, le privé a su trouver sa place dans un secteur ou certain pense que seule une structure de type privé assurer avec rigueur la gestion du service public de l’eau en zone rurale. Les principaux obstacles ou échecs viennent du fait que l’on ne gère pas un service public comme n’importe quel produit marchand dans des zones ou la gratuité relative était de mise. La rentabilité de l’opération n’est jamais évident, surtout les 2 premières années et même si la volonté du Maître d’Ouvrage est de délégué au privé ce service il n’y a pas toujours de preneur.

La suite …. Dans une autre note

Publié dans Eau potable

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